Cela fait longtemps que nous n'avions pas interviewé Marc Petit, responsable de la division Media & Entertainement d'Autodesk. En quelques années, les choses ont bien changées chez Autodesk, ainsi que sur le marché de l’image en général. Voilà donc un moment en sa copagnie, pour en savoir plus sur la position actuelle de l'éditeur, et sa vision quand aux évolutions du marché et des technologies ces prochaines années.

 

3DVF : Le site Area semble rencontrer un réel succès auprès des utilisateurs. Quel bilan pouvez-vous en tirer depuis son lancement ?

Marc Petit - Nous avons près de 250,000 membres et le site est très actif car les usagers y viennent fréquemment pour y consulter forums, nouvelles et tutoriaux. Nous sommes très satisfaits du succès du site et de sa complémentarité avec les autres sites communautaire comme le vôtre !

 

3DVF : Vous sachant personnellement à l'origine du logiciel Softimage XSI, pouvez-vous déjà nous dire votre sentiment de pouvoir à nouveau travailler autour d'un projet dont avez été l'initiateur ?

Marc Petit - J’éprouve un plaisir immense à retrouver mes amis et à travailler à nouveau ensemble, nous avons maintenant à Montreal une équipe de rêve !

 

3DVF : Plusieurs mois viennent de s'écouler depuis l'acquisition de Softimage, qu'en est t-il des équipes de développement, des roadmaps, de l'intégration du logiciel dans la gamme Autodesk M&E et que pouvez-vous nous dire sur cette nouvelle version 7.5 qui vient toujours d'être lancée ?

Marc Petit - L’intégration des équipes se passe très bien. Nous venons de sortir la version 7.5 de Softimage, malgré l’acquisition, les équipes ont gardé le cap et maintenu le plan et la date de lancement d’origine. La version 7.5 présente des améliorations à ICE et de multiples nouveautés en matière de texturation et d’animation de vêtements.

Marc Stevens est maintenant à la tête de notre activité jeux, il est également en charge de nos activités dans le domaine temps réel. La technologie et l’équipe de Softimage, combinées avec nos équipes et notre savoir-faire dans le domaine du middleware et du runtime (intelligence artificielle, animation) sont en charge de mettre en place les solutions innovantes qui vont permettre d’avoir facilement des personnages interactifs crédibles pour tous nos marchés (film, télévision, jeux, web), nous voulons des personnages interactifs capable non seulement de se déplacer de façon réaliste dans des mondes virtuels mais également capable d’exprimer des émotions.

 

3DVF : Quel est le positionnement d'un point de vue marché et utilisateurs, de Softimage par rapport à 3dsMax et Maya ?

Marc Petit - Il y a bien sûr un tronc commun de fonctionnalités entre les trois produits mais Softimage apporte des fonctionnalités complémentaires importantes aux usagers de 3ds Max et de Maya, en particulier grâce a ICE qui apporte de nouvelles fonctionnalités d’animation et d’effets procéduraux très puissantes.

 

3DVF : Vous avez sans aucuns doutes conscience que de nombreux utilisateurs éprouvent une certaine peur face à la position de quasi-monopole d'Autodesk dans le domaine du M&E. Que pourriez-vous dire pour rassurer ces craintes quand aux évolutions de la gamme de logiciels et l'innovation apporté par vos équipes de développement ?

Marc Petit - Les enjeux auxquels nos clients font face vont bien au-delà des problématiques de créations de contenu où 3ds Max, Maya et Softimage sont principalement utilisés. Les défis de la production de film ou de télévision sont nombreux, cinématographie virtuelle, capture de performance, stéréoscopie. Ceux de l’industrie du jeu sont également très importants, en particulier dans le domaine du prototypage rapide et de l’animation de personnage. Nous voulons offrir un portefeuille de solutions complètes qui couvre de la conception à la finalisation de la production. Nous avons de nombreux développements dans tous ces secteurs. Quand l’opportunité d’acquérir la technologie et les équipes de Softimage s’est présentée, nous avons vu la une très belle opportunité d’accélérer un certain nombre de nos projets, en particulier dans le domaine de l’animation de personnages dont je parlais précédemment. 



3DVF :  A l'approche du lancement de 3dsMax 2010, que pouvez-vous nous dire sur cette prochaine version, ses principales nouveautés ?

Après Mudbox 2009 à Siggraph dont le niveau de performance et de qualité a provoqué la surprise, la version 2010 de 3ds Max fourmille de nouveautés, plus de 350 en tout, en particulier dans la modélisation. Le niveau de qualité et de performance du rendu interactif que nous avons atteint a agréablement surpris nos beta-testeurs !

 

7 - Nous percevons une très forte attente des utilisateurs concernant les évolutions du format .Fbx qui semble peiner à évoluer. Pensez-vous que des choses vont avancer à son sujet prochainement ?

Le problème de l’interopérabilité est complexe. C’est comme traduire automatiquement entre plusieurs langues qui ont peu de chose en commun mais en exigeant un haut niveau de fidélité. Beaucoup de choses fonctionnent mais la probabilité de tomber sur quelque chose qui ne fonctionne pas est assez élevée et génère de la frustration chez nos usagers, en particulier car ils ne savent pas à quoi s’attendre. Nous avons fait un gros effort pour documenter quel type d’information est transférée avec quel niveau de fidélité. Par exemple, dans un cas relativement simple comme les échanges entre Revit et 3ds Max, nous avons atteint un niveau de fidélité quasi-total. Ce problème n’est pas propre à FBX mais à tous les formats d’échange qui permettent d’exprimer des structures très complexes, en particulier d’animation.

 

8 - On constate un rapprochement de l'interopérabilité entre 3dsmax, Revit, Autocad, qu'en est-il de celle entre 3dsMax, Maya et à plus ou moins court termes, avec Softimage ?

Pour nous sortir du syndrome de la traduction approximative, nous travaillons à faire évoluer FBX en un langage partagé par toutes les applications 3D d’Autodesk. Il inclura non seulement les données mais les fonctions qui permettent de décoder ces données, résolvant ainsi beaucoup de problèmes de compatibilité. C’est un projet ambitieux et un gros investissement mais les bénéfices seront nombreux !

 

9 - Qu'en est-il du développement de Toxik ? La encore de nombreux utilisateurs, dont de nombreux nostalgiques de Combustion, rencontrent de nombreuses questions le concernant, allant de son simple coût, jusqu'à ses performances, notamment comparé à 'autres outils déjà bien implantés sur le marché comme Fusion ou Nuke ?

Toxik trouve sa clientèle dans de nombreux marchés allant du film à l’automobile. Il n’y pas de raison d’être nostalgique de Combustion, le produit est toujours disponible !

3DVF : En fouinant sur le net, nous récemment entendu parler d'un projet répondant au nom de code 3dsBobo. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Rien, c’est un secret d’état ;-) Ou plutôt un clin d’œil à un fidèle ami de la « famille ».

3DVF : Quels sont les prochains grands caps visés par Autodesk M&E et les principaux axes d'évolutions majeures, dans la mesure de ce que vous pouvez nous dire pour le moment ?

Notre but est d’apporter à nos clients une solution complète pour la création de divertissement numérique, une solution qui leur permette de produire efficacement et sans compromis créatif faite de produits pointus et interconnectés.  Je pense que nous avons encore de nombreuses années de travail devant nous pour atteindre cet objectif.

Une révolution se profile à l’horizon, lorsque le web va devenir immersif et interactif et adopter la 3d. Combien de temps encore avant que l’expérience d’une console de jeu ne se retrouve dans un fureteur internet ? Ce jour-là, le divertissement, la communication, l’information, le commerce en ligne vont évoluer rapidement et embrasser la 3d interactive comme nouveau medium. Quand je vois la 3d sur le web aujourd’hui (comme second life par exemple), cela me rappelle la première vidéo quicktime 160x120 que j’ai vue en 1992… Un jour, l’expérience de la video sur internet est devenue bonne et prévisible, et cela a donné youtube, hulu et une expérience en ligne complètement différente avec de la video partout. La même chose va se produire avec la 3d et ce jour-là on sera prêt !

3DVF : Pour terminer, quel est votre sentiment concernant l'évolution des moteurs 3d temps réel et précalculés, et la repercussion qu'ils vont avoir dans les logiciels de création 3d ?

Il suffit de regarder Mudbox et 3ds Max pour voir les progrès énormes qui sont faits dans ce secteur, voir les vidéos sur le blog de Ken..

Avec MotionBuilder, nous avons réalisé pour Dreamworks le miroir magique utilisé chaque soir sur la scène de la comedie musicale Shrek à Broadway pour que le miroir magique interagisse en temps réel avec les spectateurs. Nous avons de nombreux projets en cours dont nous ne pouvons pas encore parler. Nous travaillons également en collaboration étroite avec les équipes de Jim Henson Creature Shop sur leur système de marionnettes numériques interactives

Je crois beaucoup à la visualisation interactive. Nous avons commencé à montrer des exemples sur lesquels nous travaillons dans les secteurs mécanique et architectural. Il suffit de chercher « Autodesk Newport » ou Autodesk Showcase sur YouTube pour en voir plus.

Nous faisons également beaucoup de travail sur les interfaces usagers, comme une version multitouch de Mudbox ou bien l’utilisation d’interfaces physique novatrice pour permettre de démocratiser l’utilisation de la 3d, voici un exemple ici et un autre la .

Plus de puissance graphique et plus d’interactivité vont nous permettre de faire de meilleurs outils en particulier des outils très créatifs. Nous sommes particulièrement fiers et ravis que Rob Zemeckis, James Cameron, Peter Jackson, Steven Spielberg utilisent régulièrement nos systèmes temps réel pour inventer le cinéma de demain !

Réalisation 3DVF
16 Mars 2009